🫱𝐅𝐫𝐞𝐮𝐝 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐬𝐲𝐜𝐡𝐚𝐧𝐚𝐥𝐲𝐬𝐞
La psychanalyse, fondée par Freud au début du 20ème siècle, est issue de la psychiatrie qui vise à soigner les maladies mentales. La contribution de Freud fut fondamentale. Il découvrit quasiment seul 𝐥’𝐢𝐧𝐜𝐨𝐧𝐬𝐜𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐭 𝐬𝐨𝐧 𝐝𝐲𝐧𝐚𝐦𝐢𝐬𝐦𝐞, et l’a considéré comme source essentielle du comportement.
Freud aborda la psychiatrie en étudiant les forces psychologiques qui mènent au développement des troubles psychiques et en soulignant l’importance des expériences de l’enfance dans le développement futur de l’individu. La tâche du bon analyste consiste alors à éliminer les obstacles empêchant l’expression de ces forces. Il identifie la 𝐥𝐢𝐛𝐢𝐝𝐨, ou énergie sexuelle, comme la principale de ces forces psychologiques.
Freud propose une nouvelle théorie de la personnalité. Sa 𝐝𝐞𝐮𝐱𝐢𝐞̀𝐦𝐞 𝐭𝐨𝐩𝐢𝐪𝐮𝐞 se compose
- Ça : le lieu du contenu psychique refoulé, des pulsions,
- Surmoi : structure quasiment inconsciente créée par l’intériorisation des règles sociétales et parentales, qui a le rôle d’empêcher le Ça de satisfaire librement ses propres pulsions,
- Moi : structure organisatrice de la personnalité, qui a pour tâche principale d’assurer la médiation entre les exigences du Ça, les besoins de la réalité et les interdictions imposées par le Surmoi.
Ainsi la psychologie freudienne est fondamentalement une 𝐩𝐬𝐲𝐜𝐡𝐨𝐥𝐨𝐠𝐢𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐟𝐥𝐢𝐭𝐬, dans laquelle il n’y a pas d’espace pour le développement et l’amélioration qualitative du Moi.
🧔♂️𝐀𝐬𝐬𝐚𝐠𝐢𝐨𝐥𝐢 𝐞𝐭 𝐅𝐫𝐞𝐮𝐝
Roberto Assagioli, psychiatre vénitien (1888-1974), s’était spécialisé à l’hôpital psychiatrique du Burghözli (Zurich), sous la direction d’Eugène Bleuler, où exerçait aussi C. G. Jung. Il était en correspondance avec Freud, s’intéressant activement à la psychanalyse : en témoignent, sa thèse consacrée à la psychanalyse (1910) ; sa contribution au subconscient (Congrès international de philosophie, Bologne, 1911) ; ses comptes rendus sur la psychanalyse (revue Psyché, qu’il a fondée puis dirigée de 1911 à 1915). Dans l’échange épistolaire entre Freud et Jung, nous savons que le créateur de la psychanalyse fondait de grands espoirs dans le jeune psychiatre vénitien qu’il considérait comme la personne apte à diffuser sa pensée en Italie.
✨𝐀𝐬𝐬𝐢𝐚𝐠𝐢𝐨𝐥𝐢 𝐞𝐭 𝐅𝐫𝐞𝐮𝐝 : 𝐝𝐞𝐮𝐱 𝐢𝐦𝐚𝐠𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐞́𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥’𝐡𝐨𝐦𝐦𝐞
Assagioli s’est rapidement détaché du courant psychanalytique, tout en reconnaissant les apports immenses et indiscutables de Freud. La raison de fond était une conception différente de la psyché humaine.
Assagioli a commencé à utiliser publiquement le terme psychosynthèse en 1926 lorsqu’il a écrit la brochure Psychosynthesis a new method of healing. Cette même année, il créa l’Institut de Psychosynthèse à Rome, transféré à l’actuel siège de Florence après la deuxième guerre mondiale et constitué en personnalité morale en 1965. Il définit la psychosynthèse comme une conception « intégrale et dynamique de l’être humain ».
La description de la psyché de l’homme faite par Freud est en effet apparue incomplète à Assagioli. Il ne partageait pas l’importance exceptionnelle attribuée par Freud au côté inférieur et instinctif de la sexualité au détriment des manifestations supérieures de l’amour. Pour Assagioli, la vision de l’inconscient structuré de Freud ne répondait pas suffisamment aux 𝐚𝐬𝐩𝐢𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 les plus élevées de l’homme.
Tout en intégrant les apports freudiens ainsi que “l’inconscient collectif” de Jung, le modèle d’Assagioli inclut une instance psychique qu’il appela l’inconscient supérieur.
Il conçoit 𝐥’𝐢𝐧𝐜𝐨𝐧𝐬𝐜𝐢𝐞𝐧𝐭 𝐬𝐮𝐫 𝐭𝐫𝐨𝐢𝐬 𝐧𝐢𝐯𝐞𝐚𝐮𝐱: l’inconscient inférieur (inconscient de Freud), l’inconscient moyen et l’inconscient supérieur. Chaque niveau a ses propres caractéristiques et est en osmose avec les autres. L’être humain n’est pas déterminé par ses instincts sexuels, d’autres énergies concourent à son évolution. Assagioli, suivant en cela Jung et Binswanger, réintroduisit la philosophie et la dimension du spirituel dans la psychothérapie. Il proposeégalement de cultiver des 𝐪𝐮𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐧𝐬𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 telles que l’amour, la joie, la beauté.
Assagioli plaçait au centre de la psyché, le Sujet, le 𝐉𝐞, distinct des contenus de la conscience en apportant une perspective unificatrice à la psyché tout entière. En 1926, il écrivait « La psychosynthèse étudie chaque fait psychique en relation à sa connexion vitale avec le centre de conscience, sur la base de la connaissance et de l’action du Je ». Ce Je est élaboré par la pratique de la désidentification et reflète les 𝐞́𝐧𝐞𝐫𝐠𝐢𝐞𝐬 𝐝𝐮 𝐒𝐨𝐢, qui représente la pleine réalisation de l’être. Assagioli associe au « Je conscient » un aspect dynamique, la « 𝐕𝐨𝐥𝐨𝐧𝐭𝐞́», qui est une expérience intérieure de liberté dirigée vers l’action. Il conçoit l’intégration de différentes 𝐟𝐨𝐧𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐬𝐲𝐜𝐡𝐨𝐥𝐨𝐠𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 autour d’un Centre, principe d’harmonisation. Cette intégration prend en compte les aspects physiques, psychologiques et spirituels.
La psychosynthèse propose donc un autre modèle pour expliquer la nature de la personnalité humaine au plan psychologique.Alors que pour la psychanalyse la synthèse est un processus spontané après l’analyse, Assagioli introduit la notion de « 𝐬𝐲𝐧𝐭𝐡𝐞̀𝐬𝐞» dans le processus de croissance et d’évolution de l’être. La psychosynthèse se présente comme un processus éducatif de la psyché. L’approche de la psychothérapie par la psychosynthèse, après avoir corrigé les mécanismes de défense et les résistances au moyen de méthodes analytiques, vise activement à la reconstruction de la personnalité et son évolution.C’est une 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐞𝐩𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐧𝐨𝐧 𝐩𝐚𝐭𝐡𝐨𝐥𝐨𝐠𝐢𝐪𝐮𝐞 de la psychologie.
Ainsi la psychosynthèse peut être considérée comme la 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐩𝐬𝐲𝐜𝐡𝐨𝐭𝐡𝐞́𝐫𝐚𝐩𝐢𝐞 𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐠𝐫𝐚𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐞𝐧 𝐎𝐜𝐜𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭. C’est une approche globale, pratique et expérientielle pour le développement de la personne. Selon cette perspective la psychosynthèse fait partie de ce plus ample courant psychologique, qui se définit comme « 𝐞𝐱𝐢𝐬𝐭𝐞𝐧𝐭𝐢𝐞𝐥 𝐡𝐮𝐦𝐚𝐧𝐢𝐬𝐭𝐞».
Sources :
- Franco Salvini, formateur à l’Institut Français de Psychosynthèse
- https://centre-psychosynthese-malouin.com/psychosynthese-et-les-autres-mouvements-de-psychologie/
- Petra Guggisberg Nocelli La voie de la psychosynthèse.2020. Première édition italienne L’Uomo edizioni 2011