Dans notre publication « L’étoile des fonctions psychologiques » du 03/09/23, nous avons vu que Roberto Assagioli, avec le schéma de l’étoile, identifie six fonctions psychologiques fondamentales dont la pensée, les sentiments, les sensations et l’intuition proposés par C G Jung, y ajoutant l’imagination, et les impulsions et désirs.
Toutes ces fonctions ne sont pas isolées entre elles, mais coopèrent constamment. Elles interagissent entre elles selon deux formes d’interactions : celles qui ont lieu spontanément, et celles qui peuvent être influencées, gouvernées et dirigées par la volonté. Ainsi la volonté tient une position centrale permettant de diriger leur interpénétration et leur interaction avec habilité.
La volonté agit au travers de son pouvoir régulateur, ce pouvoir étant gouverné par des lois psychologiques.
🫱 L’inconscient « conditionné » et l’inconscient « plastique »
La psychosynthèse distingue l’inconscient « plastique » de l’inconscient « structuré » ou « conditionné ». En psychanalyse classique, l’accent est mis sur le dernier ; la détection des refoulements, des complexes et la tentative de les éliminer en sont le but principal.
La psychosynthèse reconnaît qu’une grande partie de l’inconscient n’est pas conditionné ; elle est plastique, c’est-à-dire qu’elle peut être influencée ce qui en fait un réservoir inépuisable de pellicule photographique vierge.
Reprenant cette métaphore, l’inconscient conditionné peut se comparer à une accumulation de pellicule déjà exposée. A cet égard, nous sommes comme des caméras fonctionnant sans interruption, de sorte qu’à chaque instant une nouvelle section de la pellicule sensible reçoit l’impression des images qui apparaissent devant nos lentilles.
Nous sommes exposés sans interruption à des images, des idées. Elles agissent en nous, elles sont des forces vivantes qui appellent et stimulent notre force en accord avec les lois psychologiques.
Assagioli fait l’analogie avec notre corps biologique qui absorbe continuellement des éléments vitaux du monde extérieur, de l’air, de la lumière, de l’eau diverse nourritures et comme ces éléments exercent diverses influences sur le corps selon leur nature : elles peuvent être bénéfiques ou dangereuses, salutaires ou insalubres.
« De même notre inconscient absorbe continuellement des éléments de l’environnement psychologique. Il respire et assimile sans cesse des substances psychologiques dans la nature détermine si leurs effets sur nous seront bénéfiques ou néfastes » (l’acte de volonté, R. Assagioli, pages 51-52).
Nous pouvons nous laisser influencer par ces stimulations. Nous pouvons aussi apprendre à utiliser ces influences habilement, à développer en nous ce que nous choisissons de posséder, car leurs dynamiques sont réglées par des lois de la psychodynamique aussi définies que celles que gouvernent les énergies matérielles.
🫱 Première loi et la fonction imaginative
Loi 1 « Les images, les représentations mentales et les idées tendent à produire les états physiques et les actes extérieurs qui y correspondent »
Cette loi révèle que chaque idée, image, représentation mentale a une action à l’état latent et que chaque image comporte en elle-même un élément moteur.
L’existence de cette loi a été abondamment démontrée par les effets de l’influence hypnotique et, à l’état de veille, par la suggestion et l’autosuggestion. Cette loi est à la base de tous les effets psychosomatiques, tant pathologiques que thérapeutiques. Elle est abondamment utilisée par les « persuadeurs » tels que les publicitaires ou les politiques.
La volonté peut être consciemment utilisée par l’individu pour choisir et évoquer les images et les idées qui l’aideront à réaliser les actions qu’il désire.
Toutes les techniques axées sur l’imagination sont une application de la première loi.
L’imagination, au sens précis de fonction évocatrice et créatrice d’images, est une des fonctions les plus importantes et les plus spontanément actives, sous ses deux aspects, conscient et inconscient. C’est une fonction qui peut opérer simultanément à différents niveaux : les niveaux des sensations, des impulsions et des désirs, des sentiments, de la pensée et de l’intuition. En un sens, elle combine toutes ces fonctions en différentes proportions.
De plus, quand nous parlons d’imagination, nous nous rapportons généralement aux images visuelles, mais l’imagination comprend aussi d’autres sortes d’images : auditives, tactiles, olfactives, gustatives, kinesthésiques…
C’est donc une fonction à maîtriser quand elle est excessive ou dispersée, à développer lorsqu’elle est faible ou inhibée, et ensuite à utiliser amplement étant donné sa puissance remarquable.
Ceci explique pourquoi nous nous occupons particulièrement de l’imagination dans la thérapie psychosynthétique, d’autant plus que l’emploi de la technique imaginative est une des meilleures voies d’approche vers une synthèse des différentes fonctions.
Sources :
- Franco Salvini, formateur à l’Institut Français de Psychosynthèse
- Petra Guggisberg Nocelli La voie de la psychosynthèse, 2020. Première édition italienne L’Uomo edizioni 2011
- Roberto Assagioli, L’acte de volonté, Première édition 1973